La France se montre ouverte à des ajustements concernant l'interdiction des moteurs thermiques et hybrides en 2035, mais pose une condition essentielle : ces concessions ne devraient bénéficier qu'aux véhicules fabriqués au sein de l'Union européenne. Cette position, exprimée dans une lettre adressée à la Commission européenne, vise à préserver l'industrie automobile européenne face aux défis actuels.

Flexibilités Ciblées pour l'Industrie Européenne

Dans une démarche visant à affiner la position française avant la présentation des arbitrages de la Commission européenne sur le paquet automobile, cinq ministres ont cosigné une lettre le 8 décembre 2025. Ils y expriment leur ouverture à des "flexibilités ciblées" concernant l'interdiction de vente des voitures thermiques et hybrides neuves à partir de 2035. Cette ouverture pourrait se traduire par un maintien limité des hybrides rechargeables, la prise en compte des carburants synthétiques, ou encore un assouplissement temporaire des trajectoires d'émissions de CO₂ pour les véhicules particuliers et utilitaires.

La Condition de la "Préférence Européenne"

La pierre angulaire de la proposition française réside dans une condition ferme : ces flexibilités ne doivent profiter qu'aux véhicules produits dans les limites géographiques strictes de l'Union européenne. Cette exigence, bien qu'apparemment technique, pourrait redessiner les équilibres industriels du continent. Les usines situées hors de l'UE, même si elles appartiennent à des constructeurs européens, ne seraient pas éligibles aux bénéfices de ces assouplissements, notamment en ce qui concerne les critères de valeur ajoutée européenne.

Protection des Investissements et de l'Emploi

Cette position française répond à une réalité politique et économique complexe, marquée par les demandes de certains États membres et constructeurs pour une révision de l'échéance 2035, face à la baisse des volumes, au ralentissement de la demande électrique et à la concurrence internationale. Cependant, Paris craint qu'un assouplissement trop large ne déstabilise les investissements massifs déjà consentis dans la filière électrique en France et en Europe, tels que les gigafactories et les usines de moteurs électriques. La France plaide ainsi pour une "préférence européenne", exigeant qu'au moins 75% de la valeur ajoutée soit réalisée en Europe pour bénéficier de ces dérogations.

Incertitudes sur le "Made in Europe"

Les discussions sont actuellement complexifiées par le report par la Commission européenne de la présentation de son projet de loi "Made in Europe" à fin janvier 2026. Ce texte est censé préciser les contours du contenu local pour l'accès aux marchés publics et les aides à l'achat. Face à ce délai, la France cherche à obtenir dès maintenant des garanties sur ce contenu local, faisant du 16 décembre 2025 une date potentiellement charnière pour l'avenir de la transition automobile européenne.

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