Une étude récente d'EY révèle une tendance surprenante : près de la moitié des acheteurs mondiaux envisagent d'acquérir une voiture thermique dans les deux prochaines années. Cette évolution intervient alors que les objectifs de réduction des émissions sont de plus en plus ambitieux, soulevant des questions sur la rapidité de la transition électrique face aux réalités du marché.

Points Clés

  • Un acheteur sur deux dans le monde privilégie désormais le moteur thermique.
  • L'intérêt pour les véhicules 100% électriques recule, tout comme pour les hybrides.
  • L'instabilité politique et géopolitique freine la transition vers l'électrique.
  • Les incertitudes sur l'infrastructure de recharge persistent.

Un Changement d'Orientation des Acheteurs

L'étude d'EY, relayée par Reuters, indique qu'un acheteur sur deux prévoit d'opter pour une voiture thermique, neuve ou d'occasion, dans les 24 mois à venir. Cela représente une augmentation significative par rapport aux années précédentes. Parallèlement, l'attrait pour les véhicules 100% électriques diminue de 10 points, et celui pour les hybrides de 5 points. Ce revirement est confirmé par le fait que 36% des acheteurs initialement intéressés par un véhicule électrique revoient leurs projets ou les reportent, citant le contexte géopolitique et les changements de cap politiques comme raisons principales.

L'Impact de l'Instabilité Politique et Géopolitique

Les acheteurs réagissent fortement à une série de décisions politiques instables. Aux États-Unis, une proposition visant à réduire les exigences d'économie de carburant a été perçue comme un signal en faveur des voitures à essence. En Europe, les débats sur un possible assouplissement de l'échéance 2035 pour l'interdiction des moteurs thermiques créent un climat d'incertitude. Ces revirements donnent l'impression que les objectifs à long terme sont discutables, brouillant la trajectoire de la transition électrique et incitant certains consommateurs à revenir vers des motorisations thermiques ou hybrides.

Les Tensions Commerciales et les Doutes sur l'Infrastructure

Au-delà des considérations de coût et d'autonomie, les tensions commerciales entre les grands blocs économiques jouent un rôle croissant. Les tarifs douaniers imposés par les États-Unis et l'Union européenne sur les exportations chinoises suscitent des doutes quant à la disponibilité future de modèles électriques abordables. De plus, l'infrastructure de recharge est toujours perçue comme insuffisante ou mal répartie, ce qui pousse plus d'un tiers des acheteurs potentiels de véhicules électriques à reporter leur décision. Le moteur thermique, quant à lui, reste une valeur sûre et familière.

Un Cercle Vicieux pour la Transition Énergétique

L'analyse d'EY souligne la difficulté pour les gouvernements de concilier impératifs climatiques, protection industrielle et acceptabilité sociale. La transition électrique progresse par à-coups, chaque ajustement étant interprété par le marché comme une remise en question plus large. La prudence des acheteurs conduit les constructeurs à ralentir l'électrification, ce qui amène les gouvernements à réviser leurs trajectoires, alimentant ainsi les doutes des consommateurs et favorisant mécaniquement le retour du thermique. Les constructeurs y voient une opportunité de gérer leurs investissements et de composer avec la concurrence, tandis que les acheteurs privilégient la simplicité et la lisibilité du thermique.

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